Je suis géographe de formation. Dans les années 71, je suis allée en Afrique à Cotonou, capitale du Dahomey, pour étudier le développement et la vie d’une population d’immigration rurale sur un quartier périphérique de croissance urbaine de la ville. J’y allais avec les questions liées au développement et sous développement. J’ai uniquement vécu dans une famille africaine modeste, j’ai découvert une culture, une vitalité et ce fut fondamental pour moi, une altérité bien au-delà de cette question du « développement ». Pendant vingt-ans, ensuite, j’ai pratiqué la danse africaine, avec pour professeur, danseuse et chorégraphe Elsa Wolliaston.
Dans les années 75 à 85, dans le cadre d’une compagnie de théâtre – l’Actuel free théâtre – j’ai mené avec Claude Bernhardt des immersions pour activités culturelles et artistiques dans des territoires de la croissance urbaine, ceux qu’on nomment aujourd’hui « les quartiers » ; tels le Val Fourré à Mantes la Jolie ou à Dijon, à Belfort, à Magny les Hameaux. Notre action : mettre en représentation les façons dont les habitants vivent leurs quartiers, comment ils les expriment.
Maintenant, et depuis plusieurs années, j’interviens dans le territoire d’Aquitania dans le Boyaca en Colombie. Lucas Rodriguez et Angela Latuesta, dite La Negra, y développent de façon emblématique leur démarche « Caminar el teritorio » (Marcher le territoire){}, le connaître « avec ses pieds ».
C’est aussi, depuis 2013 et sans discontinuer, un autre territoire qui est à l’origine de la création de notre association Crear Escuela : la communauté autochtone wayüu Cachaca III. Elle est située dans la Guajira, à l’extrême nord de la Colombie, une région désertique et semi désertique. Un territoire où se vit de manière très profonde la question de l’attachement et de l’arrachement car il est menacé par l’érosion côtière, les tentatives d’accaparement du sol, la pollution par les rejets de la ville proche, Riohacha.
Enfin, ici à Toulouse, nous sommes très directement concernés par la construction de l’autoroute A69, par la ZAC du Rivel et par d’autres projets et chantiers écocides.