Parole traduction Laurence Breysse-Chanet
Nous savons qu’il y a dans le jour
un petit trou qui soutient le monde
nous y mettons notre oreille et nous écoutons
les battements de tous les cœurs
de là vient le nom que nous donnons à la vie :
tremblement serein
Nous sommes traduction Claude Bernhardt
Nous sommes une joie silencieuse
– travail des fourmis-
– bonds du lapin-Nous sommes une tristesse sereine
– regard du héron des marais-
– songe de la chauve-souris-Nous sommes la vie, aussi
– enfants dans les ancêtres-
– visage d’horizon contraire-
Wayuu traduction Laurence Breysse-Chanet
Je suis né d’une terre lumineuse
je vis au milieu des lumières, même dans la profondeur des nuits
je suis la lumière d’un rêve ancien.Je cherche à travers l’éclat des eaux ma soif
c’est aujourd’hui que je suis la vie.Je suis le calme de mon grand- père
qui mourut souriant.
Jierru (Femme) traduction Laurence Breysse-Chanet
La vie est ici pleine parmi les femmes
ma sœur est le matin
ma femme est l’après-midi
ma mère est la nuit
Ma grand-mère est le rêve
elle se réjouit, à la manière du puits :
en profondeur, brièvement.
Mma traduction Laurence Breysse-Chanet
Mma la terre réserve sa bonté
pour les pas de douceur…Tu peux lancer sur elle les bonnes semences
et des foultitudes naîtrontMma, la terre, rêve
grâce à l’humidité de tes pasTu peux lancer sur elle les gouttes rougies de la résistance
et tu feras grandir la sagesse.
Juyapu (Le temps de pluies abondantes) Trad. C Bernhardt
Je suis la pluie da ma mère
je suis le silence dans les arbres qui restent verts
je suis le sourire du dedans de mes frères
je suis l’endurance de mes ancêtres qui cheminentNous sommes une vie simple…
Nous cherchons l’eau du cœur de la terre.
Calme Trad. C Bernhardt
La tranquillité est un grande étoffe, large et colorée
nous l’embellissons avec les lignes du ciel,
peintures de la terre et dessins de la mer.N’enveloppez pas les aînés dedans
dans chaque passé de mot
dans chaque silence du crépuscule
nous avons frappé les montagnes.
Vivre mourir Trad. C Bernhardt
Comme les arbres,
nous grandissons dans les racines de nos ancêtres.
Comme les araignées,
nous vivons dans le secret du tissus maternel.
Nous aimons aux limites de la soif.
Nous rêvons entre Lune et Soleil, là-bas,
dans leurs terres lointaines.
Nous mourrons dans la continuité des vivants.
Printemps de la Guajira Trad. C Bernhardt
Dans le printemps de la Guajira flotte un air vaporeux
où se posent les libellules dans les rares arbustes.
Mon ami Aliiestsi m’emmène à l’unique lieu ombragé : la boutique de Rosa Iipuana.
Elle nous accueille et, sans nous livrer son doux appât… nous susurre :
“Deux wayuu malades voyagent, de l’alcool leur coule des narines…
Ils devraient rejeter tout ce qu’ils ont avalé ces derniers jours
et ne pas parler tant que leur convalescence n’est pas terminée ».
Ainsi nous avons fait…
et le vide de tous les Wayuu morts
et le mystère de tous les Wayuu vivants
nous pesaient sur les épaules.
Face à Epitsü, montagne de poussière,
nous avons vu à notre image le visage de la paresse.
Nous avons souri et, pointant vers elle nos fléchettes, nous avons dit à la montagne :
« En là-bas nous espérons, nous savons que la moitié de nos vies
appartient déjà aux défunts.
Ne cherchez pas à nous prendre…là-bas nous sommes attendus
… nous sommes au printemps de nos morts. »