Ce même jour, nous prenons contact avec elle par téléphone.
Clarena : « Hier samedi, un bulldozer a commencé d’arracher des arbres et une partie des jardins familiaux. Nous l’avons arrêté dans sa démolition. L’ouvrier nous apprend qu’un homme (de Riohacha ?) se dit propriétaire des terres que vous occupez illégalement, il a des titres de propriété, vous devez partir. »
Clarena et l’ensemble de la communauté intime à l’ouvrier de prévenir son patron : « Vous n’avez aucun droit sur ces terres qui nous appartiennent, venez, vous devez réparer les torts. »
Le patron ne vient pas mais fait envoyer, un fort contingent de police, dont un détachement spécialisé dans les kidnappings, il dit que la communauté retient de force son ouvrier et le torture.
Frayeur de la communauté en voyant débarquer autant de policiers en armes. Explications avec le colonel, l’ouvrier dément qu’il soit retenu de force, la police semble accréditer que les Wayuu soient propriétaires de leur terre et repart avec l’ouvrier. Les Wayüu gardent le bulldozer.
Lundi 29 – Un « parlementaire » de l’accapareur vient dans la communauté, les Wayuu exigent des indemnités et continuent de garder le bull comme moyen d’échange.
Mardi 30 – La police revient et emporte le bulldozer. La menace d’accaparement de la plus grande partie des terres de la communauté (celles sans bâtis de maisons) s’amplifie.
Ce qu’il faut savoir : dans le droit Colombien, sur une terre préalablement non occupée, la personne qui s’y installe pour vivre depuis au moins trois jours est bénéficiaire d’une sorte d’usufruit et peut se considérer comme étant occupant légal, c’est ce que tente l’accapareur.
Nous écrivons à Mme Michèle Ramis, ambassadrice de France en Colombie, en l’informant des faits. En 2018, l’ambassadeur de l’époque nous avait apporté un soutien très positif alors que l’école de la communauté avait été supprimée par l’Education nationale colombienne, sous prétexte que « la communauté n’existait pas ». L’ambassadeur avait opposé que la France avait, par notre intermédiaire, apporté des aides et investissements pour le développement de la Cachaca III. L’école a pu être ré-ouverte dans les 48 heures. Trois mois après, l’ambassadeur avait rendu une visite d’amitié à la Cachaca III pendant plusieurs heures.
L’importante ONG « Nacion Wayuu » est mobilisée, tant sur le plan juridique (avocat, ONU et droits humains et des indigènes) qu’en information par les réseaux.
Mercredi 31 – Nous envoyons à Clarena 300€ pour participer à l’achat de barbelés qui permettront, par une clôture, de marquer la totalité d’appartenance du territoire.
Nous informons par courriers électroniques nos ami-es et connaissances en Colombie ainsi qu’Amnesty International et sa commission pour la Colombie.
Nacion Wayuu mobilise ses contacts ainsi que l’ONU et sa commission pour les droits des peuples autochtones.
Jeudi 1er mai - La clôture se construit autour du territoire, la communauté veille jour et nuit.